2                                          INTRODUCTION
figuration de certains instruments offrant d'incontestables analogies avec les métiers encore employés, cela n'a rien pour nous sur­prendre. Le métier du tisserand, comme le tour du potier, appa­raît nécessairement parmi les premiers outils du génie humain; il est donc naturel qu'ils se montrent sur les monuments des âges primitifs. Que les populations commerçantes de l'Asie aient connu fort anciennement la fabrication des tissus de laine, de soie ou de lin, personne ne le conteste. Que, de bonne heure aussi, elles aient pratiqué l'art de relever l'éclat de leurs vêtements ou de leurs ten­tures par des couleurs éclatantes ou de fines broderies, c'est en­core un fait acquis. Qu'elles aient su, en entremêlant les fils de différentes nuances, composer des dessins d'un brillant effet, les preuves ne manquent pas; mais c'est tout ce qu'on .sait. Aller plus loin serait s'exposer à de sérieux mécomptes, à de graves erreurs. Les Orientaux ont exercé avant nous presque toutes les sciences techniques. Ils sont nos maitres sur bien des points; nous avons profité de leurs leçons, porté leurs découvertes à un haut degré de perfection : voilà tout ce qu'il est possible d'admettre. Bornons-nous donc à rassembler les faits positifs dont la preuve est acquise, sans nous lancer dans des hypothèses périlleuses. Pour ces mo­tifs, nous n'avons pas cru devoir remonter au delà-du moyen âge; nous ne rechercherons pas dans les industries asiatiques, grecques ou romaines, les origines obscures de la haute ou de la basse lice.
Mais, avant d'entrer en matière, avant de retracer les développe­ments et l'histoire d'un art qui doit à notre pays son plus vif éclat et son complet épanouissement, il convient de dire quelques mots des procédés qu'il met en œuvre et des différents termes usités pour désigner ,ses productions.
Le mot tapisserie, que nous appliquerons exclusivement ici à des tentures fabriquées sur des' métiers de haute ou de basse lice, était pris autrefois, et au siècle dernier encore, dans des acceptions très diverses.
D'après tous les dictionnaires, anciens et modernes, la tapisserie, dans son sens le plus large, est une pièce d'étoffe ou d'ouvrage qui -sert à parer une chambre, à en couvrir les murailles. Donc toute étoffe, toute matière employée à tapisser les murs